Quatre jours après l'entrée en vigueur de la réforme, le PS dénonce la nouvelle hausse à venir de la durée de cotisation. Preuve que la loi de 2010 ne règle rien.
Tous ses articles Le PS bondit sur l'occasion. Suite à la polémique lancée par les syndicats sur la nouvelle hausse à venir, plus rapide que prévu, de la durée de cotisation pour la retraite (« Les Echos » d'hier), Benoît Hamon, porte-parole du parti, a fustigé hier la réforme des retraites. « Trois jours après son entrée en vigueur, le Conseil d'orientation des retraites annonce que cette réforme, qui était censée tout régler, finalement ne règle rien », a-t-il lancé lors du point presse hebdomadaire.
La réforme précédente, votée en 2003, prévoit un allongement progressif de la durée de cotisation nécessaire pour toucher une retraite à taux plein. Les gains d'espérance de vie sont répartis entre l'allongement de la vie professionnelle - pour les deux tiers -et l'allongement de la durée de la retraite - pour un tiers. Tous les ans, ce calcul est fait en fonction de l'espérance de vie effectivement constatée. Le gouvernement fixe ensuite par décret la durée de cotisation pour la génération qui fête ses 56 ans. Il n'est pas obligé de tirer les conséquences de ce calcul, mais il lui est difficile de faire autrement. Cette année, c'est donc la génération née en 1955 qui sera fixée sur son sort. Et elle va très probablement devoir cotiser un trimestre de plus que les générations 1953 et 1954, soit 41 ans et demi. Le Conseil d'orientation n'intervient pas dans la décision, mais il donne son avis avant la parution du décret, ce qu'il doit faire demain.
« On voit donc que la réforme des retraites n'était absolument pas financée sauf à faire peser la charge à nouveau sur les salariés », s'insurge Benoît Hamon. Il regrette à nouveau que le gouvernement ait refusé de mettre davantage à contribution les revenus du capital, « la voie la plus sensée d'un point de vue économique ». Pour les socialistes, ce choix permettrait de récolter 25 milliards d'euros à échéance de 2025. Et Benoît Hamon d'enfoncer le clou : l'allongement de la durée de cotisation est la preuve que « cette réforme des retraites sera une des plus dures pour les salariés de toute l'Europe ». Il redoute, à l'avenir, un nouvel allongement, lorsque l'espérance de vie sera réévaluée. Le PS n'y est plus opposé sur le principe, mais il prône une répartition à 50-50 des gains d'espérance de vie entre le travail et la retraite.
Les syndicats sont eux aussi vent debout. « Cet allongement de la durée de cotisation est inacceptable », a tempêté hier Jean-Louis Malys (CFDT) au COR. Le président du Conseil d'orientation des retraites, de son côté, a rappelé dans un communiqué que son avis ne constituerait « en aucune manière une préconisation ». « Il s'agit d'effectuer un constat factuel dans le cadre du dispositif législatif et réglementaire en vigueur », a estimé Raphaël Hadas-Lebel.
Source : Les Échos