Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll s'est dit favorable, mercredi 21 septembre, aux caméras dans les abattoirs mais à condition qu'elles ne surveillent pas les salariés en continu.
"Je retiens cette proposition mais je pense aux salariés et leur respect", a-t-il déclaré au micro de RMC/BFMTV, au lendemain de la présentation du rapport de la Commission d'enquête préconisant, parmi 65 mesures, le contrôle vidéo des abattoirs. Le ministre a également souhaité une "expérimentation" préalable avant toute généralisation.
La veille, dans un communiqué, il avait demandé à ses services "une expertise approfondie des conclusions et recommandations" de la Commission et annoncé la publication prochaine d'un bilan des derniers contrôles effectués.
La Commission présidée par le député de Charente-Maritime Olivier Falorni (Radicaux de gauche) avait été installée le 22 mars 2016 suite à une série de scandales de mauvais traitements révélés par une association militante L214. Pendant six mois, elle a organisé 38 réunions, une centaine d'auditions et effectué quatre visites inopinées. Un travail réalisé en parallèle avec les inspections menées en avril 2016 dans chaque région, sous l'égide du ministère de l'Agriculture.
Ses propositions sont "le fruit d'un choc violent, le mien et celui de millions de Français, qui ont vu les vidéos de l'association L214", a déclaré Olivier Falorni. Les députés souhaitent rendre obligatoire l'installation de caméras "dans toutes les zones des abattoirs dans lesquelles des animaux vivants sont manipulés", ce qui passerait par une proposition de loi car "ce contrôle vidéo doit être encadré par la loi afin d'en délimiter strictement les finalités et éviter qu'il devienne un outil de surveillance des salariés". Selon eux, les dérives peuvent concerner tous types d'abattoirs, publics ou privés, industriels ou locaux. Les députés demandent aussi à l'Etat d'aider financièrement les petits abattoirs à s'équiper.
Parmi les autres mesures, ils préconisent d'augmenter le recrutement de vétérinaires et de techniciens supérieurs du ministère de l'Agriculture afin que tous les abattoirs de plus de 50 salariés disposent en permanence d'un "agent des services vétérinaires aux postes d'étourdissement et de mise à mort".
S'agissant de l'abattage rituel, les députés se refusent à une interdiction de l'abattage sans étourdissement mais veulent modifier le Code rural pour encourager un "étourdissement réversible" (ne provoquant pas la mort de l'animal) ; ils souhaitent à ce titre favoriser les discussions avec les représentants des cultes musulmans et juifs. Une interdiction ne serait "pas efficace" car elle serait contestée en justice, a justifié le rapporteur de la Commission, le député Jean-Yves Caullet (PS, Yonne).
Sur l'étourdissement, Stéphane Le Foll a déclaré mercredi qu'il n'était "pas possible de l'imposer" tout en se disant "favorable au bien-être animal mais dans le respect du culte".