L'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a présenté dans un communiqué des chiffres sur le parcours scolaire des enfants d'immigrés, contredisant ainsi des déclarations faites récemment par le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant.
Claude Guéant s'est récemment appuyé sur une étude de l'Insee de 2005 pour affirmer que "les deux tiers des échecs scolaires, c'est l'échec d'enfants d'immigrés", puis que les "deux tiers des enfants d'immigrés (sortaient) de l'appareil scolaire sans diplôme" et diagnostiquer de ce fait l’échec de l’intégration à la française. Il déclarait ainsi dimanche sur Europe 1 : « Contrairement à ce qu’on dit, l’intégration ne va pas si bien que ça : le quart des étrangers qui ne sont pas d’origine européenne sont au chômage, les deux tiers des échecs scolaires, c’est l’échec d’enfants d’immigrés. »
Après avoir dénoncé le « problème » de l’accroissement des musulmans en France, demandé la limitation de l’immigration de travail, le ministre de l’Intérieur Claude Guéant poursuit dans sa politique de stigmatisation les enfants d’immigrés…
Est-ce bien là le rôle d’un Ministre de l’Intérieur ?
La réalité est pourtant toute autre, mais surtout, le rapport apporte une explication essentielle.
Bien davantage que l’origine des élèves et les facteurs culturels, c’est la profession et le niveau d’étude des parents qui déterminent les difficultés scolaires.
Selon le rapport : « si l’on compare les résultats scolaires des enfants, à sexe, structure, taille de la famille, diplôme, activité et catégorie socioprofessionnelle identiques des parents, la moindre réussite scolaire des enfants d’immigrés s’atténue fortement. »
En résumé, à milieu social équivalent, les enfants d'immigrés ne réussissent pas moins bien que leurs camarades « Français d’origine », et réussissent parfois même mieux : « dans l’enseignement secondaire, à situation sociale, familiale et scolaire comparables, les enfants d’immigrés atteignent plus fréquemment une seconde générale et technologique, obtiennent plus souvent le bac général et technologique sans avoir redoublé et sortent moins souvent sans qualifications que les enfants de personnes non immigrées. »
Le discours le Ministre de l'Intérieur lui a attiré les foudres du monde éducatif. L’utilisation erronée d'une étude a également abasourdi les agents de l’INSEE car elle remet en cause l'indépendance et la réputation de l'institution.
Dans une déclaration le 21 juin, ces derniers avaient alors exigé lors d'une réunion que l’Insee corrige Guéant, estimant que cette affaire était grave. Cependant, le directeur général de l'Insee, Jean-Philippe Cotis, dont ses amitiés avec le pouvoir sont connues, avait dans un premier temps refusé, expliquant que l’Insee n’avait pas vocation à commenter les interprétations de ses études.
Lundi en fin de matinée, la direction a finalement cédé. L'Insee écrivait donc noir sur blanc que les propos de Claude Guéant étaient inexacts.
Malgré toutes les corrections apportées par l’INSEE et la presse en général, cela n'a pas empêché ce dernier de persister dans les média et lors des questions au gouvernement.
Même la vérité ne semble pas pouvoir remettre en cause la mauvaise foi du Ministre de l’intérieur.