mesures "alcool" : la santé est passée après les intérêts économiques
L'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (Anpaa) a estimé mardi que "la santé publique est passée après les intérêts économiques" lors du vote à l'Assemblée nationale des mesures sur l'alcool.
"C'est le triste constat que l'on peut faire après le vote des députés, cautionné par le gouvernement, qui ont autorisé la publicité pour l'alcool sur tous les sites Internet et ont refusé d'interdire la vente d'alcool dans les stations-service", a déclaré l'Anpaa dans un communiqué.
Pour l'Anpaa, "c'est un message d'incohérence qui est adressé à la population". "Comment peut-on en effet prendre dans le même temps des mesures restrictives à l'offre (interdiction de vente d'alcool aux mineurs) et des mesures incitatives (autoriser la publicité sur Internet) ?", s'est interrogée l'association dans un communiqué.
Elle a estimé que les restrictions apportées aux sites dédiés à la jeunesse ou au sport "ne constituent que de simples alibis".
Pour l'Anpaa, "une poignée de députés, militants de l'Association des élus de la vigne et du vin, ont transformé un débat de santé publique en un débat sur la viticulture". "C'est une erreur d'espérer résoudre des difficultés structurelles par des mesures de mise en danger de la santé de nos concitoyens", a-t-elle ajouté.
Les députés ont voté lundi l'interdiction de la vente d'alcool et de tabac aux moins de 18 ans et autorisé, avec quelques restrictions, la publicité pour les boissons alcoolisées sur internet. En ce qui concerne les stations-service, ils ont voté l'interdiction de vente d'alcool entre 18h00 et 08h00, contre 22h00 et 06h00 actuellement.
"Soulagement" des filières vins, spiritueux et bières
Les filières vins, spiritueux et bières ont exprimé mardi leur "soulagement" après le vote la veille à l'Assemblée nationale des mesures concernant les boissons alcoolisées et notamment l'autorisation de faire de la publicité sur internet.
Dans le cadre du volet prévention et santé publique du texte de Roselyne Bachelot (Santé), les députés ont en outre relevé à 18 ans l'interdiction de vente d'alcool et de tabac.Cette mesure ne suscite aucune critique au sein des filières des boissons alcoolisées.
En revanche l'autorisation de faire de la publicité, un enjeu majeur pour le secteur, est saluée par ces mêmes filières.
"C'est un soulagement", a déclaré à l'AFP, la présidente de l'association Vin et Société, Marie-Christine Tarby.
La fédération française des spiritueux (FFS) met en avant son "soulagement qu'aucune distinction n'a été faite entre les différents types de boissons" (à plus ou moins fort taux d'alcool...), a déclaré à l'AFP Marie-Delphine Benech, déléguée générale.
Cette fédération, qui rassemble la quasi totalité des fabricants de boissons fortement alcoolisées, demandait à être considérée sur le même plan que la filière vin ou bière.
"Des avançées ont été enregistrées", a reconnu Gérard Laloi, président des brasseurs de France. "On ne pouvait pas mettre les producteurs français en situation de discrimination par rapport au reste du monde", a-t-il ajouté.
Les députés ont comblé un vide juridique en autorisant, avec quelques restrictions, la publicité pour l'alcool sur internet pour la première fois officiellement.
La loi Evin datant de 1991 était muette sur le sujet, internet n'ayant alors pas encore pris son essor.
Désormais, la publicité sera autorisée sauf sur les sites "principalement destinés à la jeunesse" ou ceux "des associations, sociétés et fédérations sportives ou des ligues professionnelles". Elle ne devra pas être "intrusive" (à l'aide de spams ou des pop-ups).
Tabac: vente interdite aux mineurs... pas la meilleure prévention !
L'interdiction de la vente de tabac aux mineurs, votée par les députés, n'est pas "le meilleur moyen de prévention" du tabagisme, a estimé mardi le président de la confédération des buralistes Pascal Montredon dans un communiqué.
"En soi, l'interdiction n'est sûrement pas le meilleur moyen de prévention et de dialogue avec les jeunes, écrit M. Montredon, mais il semblerait que la règle de l'interdiction de vente aux moins de 18 ans se généralise à tous ces produits sensibles comme l'alcool, les jeux et le tabac".
Ce patron de bar-tabac souligne également les difficultés de faire appliquer cette interdiction au quotidien dans les points de vente.
Il s'étonne en outre "qu'au même moment, on autorise les jeux en ligne sur internet et qu'on laisse la Française des Jeux s'implanter dans les grandes et moyennes surfaces. Concrètement, comment sera appliquée l'interdiction de vente aux moins de 18 ans dans ces cas ? Où est la cohérence ?"
Les députés ont voté lundi l'interdiction de la vente de tabac et d'alcool aux moins de 18 ans et autorisé, avec quelques restrictions, la publicité pour les vins, bière, spiritueux sur internet pour la première fois officiellement en France.
Jusqu'à présent, la loi interdisait la vente de tabac et d'alcool aux moins de 16 ans.
Ticket-restaurant pour fruits et légumes: mesure "cosmétique" (UFC-Que Choisir)
La proposition votée lundi soir par les députés visant à permettre aux salariés d'utiliser des tickets-restaurants pour acheter des fruits et légumes frais est une mesure "cosmétique" qui ne contribuera pas à réorienter la consommation des Français, a estimé mardi UFC-Que Choisir.
"L'amendement sur le ticket-restaurant est vraiment une mesure cosmétique", a commenté Olivier Andrault, chargé de mission à l'association de consommateurs UFC-Que Choisir.
"Tout le monde ne dispose pas de ticket-restaurant, cela ne concerne que des salariés de certaines entreprises. Les tickets-restaurants sont utilisés pour manger, ce qui signifie que les personnes qui utiliseraient des tickets-restaurants pour acheter des fruits et légumes ne les utiliseront pas pour déjeuner", a-t-il ajouté.
"Ce n'est pas une mesure qui va permettre à l'ensemble de la population de réorienter sa consommation vers plus de fruits et légumes", a souligné M. Androult.
Les députés ont adopté dans la nuit de lundi à mardi un amendement permettant l'achat de fruits et légumes avec des tickets-restaurants, lors de l'examen du texte santé de la ministre de la Santé Roselyne Bachelot.
M. Androult a regretté que les "vraies" mesures aient été rejetées lors de l'examen du texte,citant notamment l'interdiction des publicités pour produits sucrés ou gras à la télévision dans les quinze minutes qui précèdent et suivent" des programmes jeunesse, la gratuité pour le message sanitaire du ministère de la Santé à la télévision, l'obligation pour les annonceurs à payer une taxe de 1,5% et l'établissement de programmes d'éducation nutritionnelle